LETTRE D’ISLANDE
Voici un mot de moi de l’île de Saint-Pierre
Là où il fait si froid nous avons touché terre
Pour y livrer tous nos cabillauds
Qu’il faut décharger par paquets sur le dos.
Et dans le soir tombant assis sur le gaillard d’avant
Je te revois la belle pleurant sur le bord de ton lit.
Ca fait bientôt six mois que j’ai quitté Saint-Malo
Chez nous dans le jardin j’en avais le cœur gros
Ce qu’il ne faut pas faire pour gagner son pain
Et quelques sous pour demander ta main.
Et dans le soir tombant assis sur le gaillard d’avant
Je te revois la belle pleurant sur le bord de ton lit.
Demain matin il faut appareiller
Dans l’Saint-Laurent la morue faut pêcher
On a chargé le sel à se casser les reins
Et le saleur paré à curer les siens
Et dans le soir tombant assis sur le gaillard d’avant
Je te revois la belle pleurant sur le bord de ton lit.
Je serai de retour quand les vents seront portants
M’attendras-tu le long du quai Vauban ?
Le dimanche suivant j’irai voir tes parents
Pour que le mariage ait lieu à Saint-Servan.
Et dans le soir tombant assis sur le gaillard d’avant
Je te revois la belle pleurant sur le bord de ton lit.
Par : Charles 56
Histoire du chant
Auteur : H. Guillemer
Fondateur du festival Québeceltie
Auteur-compositeur et interprète à la barbe fleurie, poète dont la verve était imprégnée d’eau salée, ce petit-fils de terre-neuvas avait chanté seul ou entouré de musiciens de talent tels Rémi Martin, Ronan Pinc, Daniel Calméjane, sans jamais se départir de sa modestie.
Pourtant, certains de ses titres sont devenus des « standards » du chant de mer.
Avec sa compagne, la Québécoise Hélène Fournier, Hervé Guillemer avait fondé voici une demi-douzaine d’années le festival QuébeCeltie.
Celui-ci réunissait chaque printemps à Trémuson une foule d’amateurs de musique traditionnelle autour d’interprètes aussi talentueux que méconnus du public français.