Autrefois le Rat de ville
Invita le Rat des champs,
D’une façon fort civile,
A des reliefs d’Ortolans.
Sur un Tapis de Turquie
Le couvert se trouva mis.
Je laisse à penser la vie
Que firent ces deux amis.
Le régal fut fort honnête,
Rien ne manquait au festin ;
Mais quelqu’un troubla la fête
Pendant qu’ils étaient en train.
A la porte de la salle
Ils entendirent du bruit :
Le Rat de ville détale ;
Son camarade le suit.
Le bruit cesse, on se retire :
Rats en campagne aussitôt ;
Et le citadin de dire :
Achevons tout notre rôt.
– C’est assez, dit le rustique ;
Demain vous viendrez chez moi :
Ce n’est pas que je me pique
De tous vos festins de Roi ;
Mais rien ne vient m’interrompre :
Je mange tout à loisir.
Adieu donc ; fi du plaisir
Que la crainte peut corrompre.
Ajouté à la base le 22 juillet 2022
Par : Quentin
Le Rat de ville et le Rat des champs est la neuvième fable du livre I de Jean de La Fontaine situé dans le premier recueil des Fables de La Fontaine, dédié au dauphin, fils de Louis XIV et édité pour la première fois en 1668.
La première version de cette fable apparaît chez Ésope vers le VIIe siècle avant notre ère sous le titre « Le rat des champs et le rat de maison ». Quelques siècles plus tard, à Rome, Horace en fait une adaptation qu’il développe en près de 40 vers. À la différence de la fable de La Fontaine, l’histoire commence par l’arrivée chez le rat des champs (rusticus mus) de son parent le rat des villes (urbanus mus), qui se moque de la médiocrité de la vie à la campagne et l’invite à savourer chez lui les plaisirs de la ville.
Cette fable sera également reprise par Babrius qui la développe en grec.
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